Item #15416 Notes encyclopédiques. LE COINTE.
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Lorient, 1784-1788. *** Manuscrit inédit de Jean-Jacques Le Cointe, particulièrement bien calligraphié, contenant des réflexions philosophiques et morales, des pièces littéraires, des « bagatelles », des récits biographiques et des lettres à ses amis. Jean-Jacques Le Cointe (1724-1790) a été au service de la Compagnie des Indes pendant 30 ans, de 1742 à 1772. Entré à l'âge de 18 ans, il a commencé comme employé à la vérification des livres dans les bureaux de Paris. Il fut envoyé en 1743 au « fort royal de Saint-Louis, à Juida, côte d'Afrique » (Ouidah, au Bénin) où il resta trois ans. Il s'établit en 1743 à l'Ile de France (Ile Maurice), où il était employé au bureau de la comptabilité générale. Il a été nommé chef de bureau par la suite, trésorier et, en 1762, inspecteur général des magasions, arseneaux, ports, etc... « Sa majesté voulut bien l'honorer en 1763 de l'office de conseiller de ses conseils supérieurs des Isle de France et de Bourbon. » Malade, il rentre en France en 1771, s'installe à Lorient et bénéficie d'une pension. On trouve ces détails biographiques dans le volume IV (pp. 305-373) de ce manuscrit : « Précis des services du Sr. L. C... à la Compagnie des Indes pendant 30 ans, de 1742 à 1772. Extrait de ses correspondances et mémoires par Basire des Fontaines son gendre, Lieutenant des Vaisseaux de sa Majesté ». Jean-Jacques Le Cointe a été maire de Lorient de Février à Juin 1790 et meurt en Juillet de la même année. « J'écris, ou plutôt je barbouille du papier pour amuser ma vieillesse, pour répandre quelques fleurs sur le bord de ma tombe. » Ce manuscrit n'était pas destiné à être publié. « S'il arrive que quelqu'un d'autre que les miens s'amuse à lire ces cahiers, malgré mes précautions pour que cela n'arrive point... » L'auteur en donne cet aperçu : « Vous trouverez ainsi dans ce fatras des productions indigestes, des rêveries métaphysiques, des châteaux en Espagne, des contes à dormir debout, des lambeaux de l'histoire de ma vie, des portraits sans ressemblance, des chansons dignes du poète des Halles, des épigrammes sans pointe, des lettres en vers & en prose qui ne ressemblent pas à celles de Pline ou de Cicéron, des pensées détachées qui n’apprennent rien de nouveau, des … cela ne finirait point. » Le ton est souvent facétieux, l'auteur s'adressant à feu son oncle Grippon, « de glorieuse mémoire » dont « les deux plus sublimes productions sont l'art de parler sans rien dire et celui d'obliger les gens en fouillant dans leurs poches ». Les parties les plus intéressantes, nous semblent être les passages autobiographiques. « Né sans le sein de la douleur, instruit à l'école de l'infortune, le besoin développa mon intelligence dans un âge où les autres hommes sentent à peine qu'ils existent & la philosophie m'adopta, pour ainsi dire, dans le berceau. » Ses parents se séparent. Il est confié à sa mère qui néglige son éducation; à l'âge de neuf ans, il ne savait toujours pas lire. Vite orphelin, il est confié à plusieurs maîtres dont un oncle curé janséniste et un maître d'école qui lui enseigne «premièrement à prier Dieu dans une langue que je n'entendais pas, mais qu’apparemment la Divinité entend mieux qu'aucun autre. Secondement à lire & à écrire dans tous les caractères usités. » Mon père, en mourant, ne m'avait laissé pour tout héritage que la bienveillance de ses amis. » Retou ou Restou, directeur de l'Académie de peinture, l'architecte Servandoni, Dupré, premier danseur de l'opéra, Jean Philippe Rameau... A la suite d'une aventure amoureuse contrariée, qu'il narre longuement, il est prié d'aller en Afrique se faire oublier pendant trois ans. Puis il poursuivra sa carrière dans la Compagnie des Indes à l'île Maurice. Ce manuscrit se fait aussi l'écho des problèmes politiques du moment. L'auteur écrit longuement sur la convocation des Etats généraux, s'étend sur le nécessaire rôle politique que doit avoir le Tiers Etat, sur l'inégalité de l'impôt dans le royaume... Il s'inquiète « des troupes qui inondent la Bretagne ». On trouve diverses pièces sur ce sujet comme sa « Lettre des citoyens de Bretagne au roi » de 1788. Le cinquième et dernier volume contient de nombreuses lettres. Celles à Mr. Steinauer, Maréchal de Camp, qu'il a connu à l’île Maurice et une étonnante correspondance avec mademoiselle Louise de Batz. Cette jeune femme était une amie de sa nièce, prématurément décédée. Ils ne sont jamais rencontrés, mais une amitié se développe au fil des lettres. Plus qu'une amitié peut-être. Dans son avant dernière lettre, la jeune mademoiselle de Batz écrit: « N'aurais-je pas pris, sans y penser, la plume de l'amour pour celle de l'amitié ? Les femmes sont si distraites ! » La même lettre se terminant par : « Adieux mon ami, mon amant intellectuel … une femme qui ne sait qu'aimer & qui vous aime plus que toutes choses au monde. » Très intéressant manuscrit, de plus de 2000 pages, dressant le portrait d'un homme des Lumières, dont les souvenirs, nous font évidemment penser aux « Confessions » d'un autre Jean-Jacques. Il est très agréablement calligraphié par un secrétaire. (Dans le dernier volume, Le Cointe se plaint que son secrétaire a ajouté à son texte une recette contre les maux de dents !). Toutes les pages de texte sont encadrées de rouge, avec de charmants dessins sur les diverses pages de titre et de nombreux fleurons ou culs-de-lampe. Après la table des matières des premiers volumes, on lit : « Dessins de Philippe. Frontispice & cartouches De Plus ». Très bel exemplaire. *** 5 volumes in-8 de (2), 452 / (2), 534 / (2), 425 / (2), 421 / (2), 458 pp. Demi-veau brun, dos orné, dentelle d'encadrement sur les plats, étiquettes rouges et vertes, tranches rouges. (Reliure de l'époque.) - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - * - -. Item #15416

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